Première immersion
C’était un jour de septembre. A la recherche d’une nouvelle activité sportive à pratiquer, je discutais de plongée avec un collègue. Cela avait l’air tellement magnifique comme expérience : immergé sous des mètres d’eau cristalline, vous pouviez effleurer du bout des doigts la faune sauvage et dans un rayon de soleil, apprivoiser une troisième dimension … Le soir même un entraînement à la piscine était programmé : « Viens » me lançait mon ami, « tu peux faire un baptême. C’est gratuit, ça te fait une expérience, tu vois si ça te plais et si tu veux revenir, tu connais le chemin ! » Rendez-vous était pris. Lui ne pouvait être présent ce soir là, mais peu importe : bien que croisés batraciens, les plongeurs ne devaient pas moins en rester des hommes.
Mercredi, 20h30, piscine Mallarmé, mon sac de piscine à la main :
– « Bonsoir, je viens de la part de Stéphane. Il paraît qu’en demandant gentiment vous me feriez découvrir votre sport ?
– Heu, bah, on va te trouver quelqu’un … Michel ! Un baptême : tu prends ?
– Oh oui ça tombe bien j’avais rien de prévu ce soir ! Puis se tournant vers moi, salut, ça va ? T’as tes affaires ! Bah maintenant si tu veux ! »
Et voilà ! Pas compliqué ! Quelques minutes et une poignée de mètres, une bouteille à la main. Plus tard, Michel, avec un grand sourire, me tend un équipement : « Je te montre une fois et on installe tout cela ensemble. » Le gilet stab, la bouteille, le détendeur, les palmes, les masque, tout m’est prêté sur place. Quelques explications sommaires sont nécessaires, à propos du fonctionnement, de la communication, du comportement sous l’eau … Et nous voici dans l’eau !
Toujours très soucieux du bon déroulement de la séance Michel ponctue régulièrement chaque étape d’un « Comment çà va ? » et explique le déroulement de la suivante. Enfin arrive le moment tant attendu : le détendeur en bouche, debout dans l’eau fraîche de la piscine qui clapote à hauteur de mon nombril, nous allons plier les genoux pour nous immerger totalement !
Instant magique : mes expérience passées mon déjà amenées à respirer au travers d’appareils similaires. Mais le passage à l’eau, comment cela va-t-il se passer ? Poitrine encore à l’air pur je ventile normalement. Je descend. Je sens la progression du liquide le long de mon corps. Je ne lâche pas le regard de Michel (un peu comme ton binôme en parachutisme : à ce moment là tu l’aimes ton moniteur). L’eau monte encore, j’y vais franchement et me convainc de la fiabilité – éprouvée – du matériel. La bouche et le nez sont sous la surface que je vois défiler vers le haut à travers le masque. J’ai l’impression d’avoir les yeux collés à un aquarium que nous serions entrain de remplir. Sauf que là le poisson : c’est moi ! Mais moi je ne suis pas un poisson ! alors par réflexe, je bloque …. Un instant passe. Il semble durer des secondes entières. Je réfléchis : « y’a deux secondes t’étais dehors ça marchait. C’est fait pour aller sous l’eau et t’es sous l’eau. Vas-y ! Inspire ! » Je tente ma chance : ÇA MARCHE ! Incroyable cette sensation. Je suis sous la flotte et je respire aussi facilement qu’a l’air libre. Regard confiant de mon compagnon : c’est parti ! »
Au dessus de nous, les autres s’entraînent et enchaînent les longueurs ou les exercices. De temps en temps un nageur nous salue ou un plongeur vient faire une petit pirouette à notre proximité. La séance se déroule merveilleusement bien ! Au hasard d’un coup d’œil, que voilà donc que cela ? Au milieu d’une piscine au XXIe siècle ?! Un « pieds lourds »|Article de l’ASC : « Les Pieds Lourds » ! Un scaphandrier « à l’ancienne » : semelles de plomb, combinaison pressurisée et le célèbre casque de cuivre posée sur les épaules. Me voilà dans « Tintin et le Trésor de Rackham le Rouge » ! Un rêve de gosse !
La plongée durera une vingtaine de minutes. J’ai déjà envie de recommencer. Nous nous déséquipons, nous remettons en état le matériel et rangeons. Après une bonne douche nous nous retrouvons tous devant la piscine. Mon grand sourire ne passe pas inaperçus : « Alors ! Comment ça s’est passé ? », « Ça t’as plus ? », « C’est super hein~! » et déjà « Tu veux revenir ? ». Hé bien… Pourquoi pas me disais-je. « Allez : viens avec avec nous boire un coup au local, tu vas nous raconter tout ça ! »
Et voilà. Rien de plus simple ! Ça et quelques papiers et j’étais intégré à la nouvelle promotion de niveau 1. Un an plus tard je suis encore là !
Ludo