Sous glace, le retour attendu.
Cela faisait 3 ans que toutes les conditions n’avaient pas été réunies pour envisager une petite immersion sous la glace au lac de Saint Point.
Pour ce dimanche 11 janvier, tout est parfait : la glace mesure 13 à~14~cm d’épaisseur, suffisamment pour nous supporter (d’ailleurs les patineurs ont investis les lieux depuis quelques jours) et le soleil et au rendez-vous.
Quand nous arrivons sur les lieux à 10 h du matin, la luminosité est fabuleuse, le lac est encore désert, il n’y a presque pas de neige dessus et il fait encore -12° C à l’ombre. Le local chauffé du camping sera encore plus apprécié pour nous changer…
Préparatifs
La 1ère opération sur place, baliser un périmètre de sécurité autour de notre zone de « perçage » est rapidement bouclée grâce à la perceuse de Noël.
François entre ensuite en action avec la tronçonneuse. Les 3 trous disposés en triangle serviront de base à notre petit parcours « sous-glaciaire ».
Dernière opération préparatoire : Didier, notre DP, va dérouler un bout entre chaque trou. Les palanquées suivantes s’arrimeront dessus avec un simple mousqueton, garantie de retrouver la sortie.
La glace, à peine poudrée de quelques poignées de neige, est très claire. On distingue parfaitement notre équipe d’éclaireurs sous la glace. Eux aussi d’ailleurs nous voient très bien. Et c’est ainsi qu’ils sont guidés pas à pas vers les trous suivants.
Le briefing est concis. La profondeur max n’est même pas évoquée puisque nous évoluerons directement sous la glace, à quelques décimètres de profondeur, reliés à notre ligne de vie. L’accent est mis sur l’enchaînement minutieux des équipes de plongeurs, les mousquetonnages à chaque relais, les consignes en cas de givrage, le nombre de tour …
La plongée
Les palanquées se succèdent au bord du trou « de lancement ».
J’emmène Etienne, niveau 1, pour qui cette sous glace est une première. Nous patientons quelques minutes assis au bord du trou, les jambes dans l’eau, en attendant que l’équipe précédente arrive au trou suivant.
Puis c’est la mise à l’eau : on se laisse glisser dans ce carré glacé. Le froid mord un peu les parties découvertes du visage pendant quelques secondes, puis s’estompe. Le peau est littéralement anesthésiée. L’eau pénètre la combi par quelques coutures vieillissantes, mais globalement, la superposition des couches de néoprène joue bien son rôle.
Didier donne le feu vert. Doucement, on se glisse sous la calotte glacée. Les premières minutes sont concentrèes sur le jeu des bouts et des mousquetons, où comment ne pas se faire embobiner. Je veille particulièrement à mon binôme, novice, et à sa respiration. A l’évidence, il va bien et se trouve plutôt à l’aise après que nous lui ayons rajouté 2 kg.
Dessous, l’eau à la même dominante verte qu’à l’accoutumé. Mais ce n’est pas vers le bas qu’il faut regarder. Tout l’intérêt est au dessus de nous : la glace ! Véritablement transpercée par les rayons du soleil, elle est le théâtre d’un jeu de lumière hors du commun.
Parcourue par de longues fissures, elle brille de milles reflets. Les bulles d’air que nous lâchons formes des miroirs mobiles et fugaces. Les bulles courent sous la glace. Par endroit, la glace est remaniée et referme des bulles, dont on se demande comment elles se sont laissées piéger …
A chaque trou nous signalons notre présence à la surface et nous changeons les mousquetons de ligne. Nous ferons finalement 2 tours.
Retour sur la banquise
La sensation de froid finit par s’installer au bout d’une vingtaine de minutes, mais à vrai dire pas vraiment plus marquée que lors des autres plongées hivernales lacustres sans glace. D’ailleurs les instruments affichent 3 ou 4° C dans l’eau. Mais c’est plus tard, lors du déséquipement, que le froid sera le plus vif.
La sortie de l’eau se fait après avoir décapelé dans le trou. Elle consiste à palmer un bon coup en se hissant sur les rives gelées et à finir sur la glace comme des pingouins. L’occasion aussi de croiser de drôles de spécimens…
Sur le coup de 14~h, au moment du traditionnel casse-croûte façon ASC, le lac de Malbuisson est colonisé par la foule : patineurs, hockeyeurs, familles en balades, char à voile et même montgolfière. Nous le laissons à ses autres utilisateurs, les trous dans la glace préalablement rebouchés par les blocs tronçonnés que nous avons remis en place.